Temps de lecture – 7 min

 

De nos jours, les progrès scientifiques repoussent sans cesse notre connaissance du monde qui nous entoure, le rendant de moins en moins mystérieux. Nos anciennes croyances se réduisant petit à petit, il nous reste encore un domaine dans lequel tout est possible, l’imaginaire. 

Il représente le rêve, l’infini, l’indéfinissable et en même temps le concret. C’est un monde dans lequel tout est permis, dans lequel nous pouvons exprimer notre créativité. Cette dernière est multiple et devient même de plus en plus un objectif dans le monde actuel. Nous saluons les esprits créatifs qui redéfinissent le monde dans lequel nous vivons (pour n’en citer qu’un, Steve Jobs et son IPhone ont sensiblement impacté notre quotidien).

La créativité est donc un élément du domaine de l’imaginaire mais reste aussi un outil fort permettant d’innover, de repousser les limites, d’inventer d’autres solutions … Quoi de mieux qu’une pratique liée à l’imaginaire pur pour développer sa créativité ? Vous me voyez venir, ou alors le titre de l’article vous a suffisamment aiguillé.

Oui, le JDR solo est un outil créatif des plus intéressants dont nous pouvons tirer des leçons, et c’est ce dont nous allons parler maintenant.

« La créativité, c’est l’intelligence qui s’amuse. » Albert Einstein

Définitions et contexte

Pour commencer, je vous propose que l’on s’harmonise afin d’être en accord sur ce dont on va parler.

Le Jeu De Rôle Solo (JDR Solo) consiste en la pratique d’une partie de Jeu de Rôle en solitaire (jusque-là je pense que l’on est d’accord). N’y sont pas compris :

  • les parties à deux (un narrateur + un joueur)
  • les livres dont vous êtes le héros

La pratique demande plusieurs outils : un jeu, un système et un moyen de consigner le récit. 

À noter que certains jeux sont faits pour le JDR solo, pour les autres il suffit d’utiliser des systèmes génériques. Et justement, c’est de système dont on va parler. Il en existe de plusieurs sortes et souvent plusieurs formats. Dans notre article nous les regrouperont sous un même nom : les “oracles” (illustrés ci-contre à travers une carte de Muse & Oracle).

Carte Muse et Oracle

Carte Muse & Oracle

Dans ces oracles on peut retrouver : 

  • Des réponses : Oui, Non, Oui mais, Non et
  • Des mots (noms, lieux, temps etc…)
  • Des images simple
  • Des pictogrammes
  • Des résultats de jets de dés

Dans le cadre de cet article, nous allons utiliser essentiellement l’exemple des cartes Muse & Oracle, mais il existe de multiples autres oracles de simples listes jusqu’à des générateurs de noms ou de situations.

« La créativité c’est inventer, expérimenter, grandir, prendre des risques, briser les règles, faire des erreurs et s’amuser. » Mary Loo Cook

Le mot créativité, quant à lui, est un concept assez récent mais ce qu’il désigne a toujours existé. Pour tendre vers une compréhension collective nous allons le définir (à noter qu’il n’existe pas de définition universelle sur ce terme). 

Je vous propose la définition suivante : La créativité est la capacité à générer de nouvelles idées/concepts. 

Ainsi, nous partons du principe qu’une méthode permettant de générer des idées est alors un outil créatif. Et par extension, les systèmes de JDR solo qui ont pour fonction de supporter la création d’histoire en emmenant des pistes génératrices d’idées sont aussi des outils créatifs.

Et c’est avec cette pirouette que je retombe sur mes pieds (je vous laisse juge quant à l’appréciation de l’acrobatie). 

 

Les oracles, des outils créatifs efficaces ?

Maintenant que nous avons tous les outils en main, nous pouvons répondre à la question portant sur l’efficacité des oracles en tant qu’outils créatifs. Je vous propose un petit parcours sinueux pour répondre à cette question.

Beaucoup d’idées viennent assez naturellement pendant des moments méditatifs dont le plus connu est “la douche”. Notre esprit s’égare et nous suivons, spectateurs sa progression, ce qui nous amène à :

  • nous rappeler de choses oubliées
  • nous projeter dans la journée qui vient
  • repenser à des souvenirs
  • imaginer de futurs projets
  • avoir de nouvelles idées (etc.)

Ce processus de réflexion, quoique très agréable sous une eau chaude un matin d’hiver, reste très peu efficace en termes de production d’idées, de par son manque de cadre. Prendre une douche n’est donc pas un outil créatif efficace.

Face à ça, regardons ensemble où se positionnent les oracles du JDR Solo. Ils regroupent un ensemble d’informations qui nous demande de réfléchir à une situation à partir d’informations clés. On se retrouve alors face à une situation similaire que des défis créatifs tels que l’Inktober ou les Game Jams. 

Ces derniers sont des évènements demandant de respectivement dessiner et créer un jeu vidéo dans un temps défini à partir d’un thème imposé (un mot ou un ensemble de mots). Nous sommes face à la même situation de création sous contrainte qu’amènent les oracles. À une nuance près que ces derniers peuvent être de formes plus variées (réponses, mots, qualificatifs, images, valeurs et même le mélange de tout).

Les oracles sont donc de facto des outils créatifs pertinents. Ils reposent sur les mêmes bases que des défis créatifs en poussant le contexte plus loin.

 

Perspectives

Super, nous avons répondu à notre question mais poussons plus loin la réflexion. Pouvons-nous tirer des leçons des oracles et les appliquer à d’autres domaines ?

Pour commencer doucement, l’accumulation des types d’information amenée par les oracles est une très bonne piste. Je m’explique. Si nous prenons l’exemple d’une Game Jam, la Ludum Dare par exemple, le thème proposé prend la forme d’un ou plusieurs mots. La créativité des participants pourra alors s’exprimer à travers des :

  • analogies
  • jeux de mots 
  • interprétations du thème (etc.).

Imaginons qu’à la place les candidats se retrouvent face à une image, un texte, une liste de mots. Le défi créatif serait plus riche et les résultats seraient encore plus différents entre eux.

Si nous voulons pousser encore plus loin, nous pouvons même imaginer utiliser des sons, des ambiances sonores, des références à des œuvres existantes, ou même des images complexes (comme celles du jeu de société Dixit dont nous avons un exemple ci-contre).

Carte du Jeu de Sociétés Dixit

Bref, ce ne sont que quelques pistes que vous pouvez explorer par vous-même. Si vous voulez créer vos propres tables aléatoires, vous pouvez vous rendre sur Chartopia.12dev.com (par contre il n’est pas possible de générer des oracles avec autre chose que des mots). 

Pour créer vos propres oracles avec des images, des sons ou autres, il va falloir mettre en place vos propres solutions (on peut toujours imaginer des collections Pinterest ou encore utiliser la fonction  au hasard de Wikipédia).

Récemment, le Scénarurgien a créé le RPG story maker qui permet de générer des histoires à partir de cartes (disponible à l’achat sur la plateforme utip). Cet outil semble très intéressant et peut tout à fait être utilisé dans d’autres domaines (tout ce qui est lié à la narration comme les romans, la bande dessinée, les jeux vidéo mais aussi la création de jeux de société par exemple). 

Il existe aussi le site plot-generator.org.uk qui permet de générer des intrigues de tous types mais aussi plein d’autres choses (comme des paroles de chansons, des poèmes etc.).

J’espère que vous avez apprécié la lecture de cet article. Je suis ouvert à tout commentaire, pistes de réflexions ou échanges. En attendant je vous souhaite un aussi bon moment qu’une douche chaude un matin d’hiver.

 

Si vous avez encore envie de lire, voici quelques sources intéressantes.

JDR Solo

La créativité